Rouge brique ou bleu éléctrique, le container est intimement lié à la vie portuaire. Zoom sur une boîte métallique qui cache bien son jeu.
Container, carte d’identité
Usages
Les containers s’empilent, s’alignent comme une danse entre Pop art et industrie. Les francophones les appelle “conteneurs”. Ces boîtes de conserve version XXL sont conçues pour le transport de marchandises, de denrées, de liquides ou de matériaux. Les parallélépipèdes en acier Corten soudé naissent en Chine pour la plupart et rejoindront bientôt les bateaux porte-conteneurs du monde entier. Des tiges de métal permettent de clôturer le caisson. Paires de basket, véhicules, régimes de banane, téléphones dernier cri, jouets, il y a fort à parier qu’au moins un de ces objets du quotidien navigue à bord d’un container.
Mensurations
Le container ne joue pas les coquettes. Son allure est pensée avant tout pour l’efficacité. Ses formats ISO visent l’optimisation de la logistique. En rang, en ligne et les uns sur les autres est la règle du rangement à bord. Trois formats sont courants :
- Longueur 20 pieds x largeur 8 pieds x hauteur 8,5 pieds
- Longueur 30 pieds x largeur 8 pieds x hauteur 8,5 pieds
- Longueur 40 pieds x largeur 8 pieds x hauteur 8,5 pieds
À ces standards, s’ajoutent quelques formats exceptionnels pour répondre aux différents besoins.
Container, une page d’histoire
L’homme qui a mis le monde en boîte
Derrière chaque changement majeur, se cache quelqu’un qui est allé au bout de ses idées. Gérer toute son existence une station service dans le fond de la Caroline du Nord n’était pas le plan de Malcolm McLean. L’homme se voyait plutôt à la tête d’une compagnie de transport prospère. Autour des ports, à l’heure de décharger les marchandises, les autoroutes ne désemplissent pas, les livraisons stagnent pendant que les taxes s’envolent. La mer semble attrayante, rapide et économique. Malcolm McLean sent le vent tourner à sa faveur. Un prêt en poche, il s’offre deux bateaux tankers vestiges de la Seconde Guerre mondiale. À bord, il embarque les remorques de camion. Un poil encombrantes, il les modifie pour n’emporter que le caisson. En quelques années, son idée fait des émules. McLean sera bientôt un pionnier de la mondialisation.
À l’abris dans la boîte de Pandorre
Le container révèle rapidement son potentiel. En premier lieu, la marchandise est protégée. Voleurs, nuisibles, et endommagements sont mis hors service. Emballage, stockage et transport deviennent plus économiques. La manutention facilitée fait gagner du temps, donc de l’argent. Des villes jusqu’alors sans lien peuvent désormais entretenir des commerces florissants. L’armée américaine utilise les bateaux de Malcolm McLean pour envoyer du matériel au Vietnam où la guerre d’Indochine sévit. La graine de l’internationalisation est plantée. L’Asie comprend rapidement que sa prospérité passera par le container.
Ère container
Monde en mouvement
Le container s’est imposé comme un vecteur incontournable des échanges mondiaux. Les ports ont dû s’aménager en conséquence. Les dockers ont vu leurs façons de travailler évoluer. Les échanges entre les pays ont augmenté de 790%. La Chine s’est taillée la part du lion de mer. Les lumières des docks de Shanghai éclairent à des kilomètres à la ronde les arêtes rutilantes des containers. Chaque seconde, 16 containers sont manutentionnés quelque part dans le monde. Nul doute, la petite boîte de métal est devenue grande.
Réincarnation
Le revers de la médaille d’une planète hyper-containerisée est la pollution. Que faire des containers usagés ? Où stocker ces mastodontes de métal ? Et si il y avait une vie après le transport de marchandises ? Les premiers à offrir un nouvel usage à ces grandes boîtes sont les scientifiques en expédition polaire. Les containers s’installent sur la banquise en guise de logements de fonction et de laboratoires. Costaud, robuste, le container n’a que faire du climat hostile. Les artistes s’en inspirent, les designers hollandais mettent au point des résidences étudiantes toutes de containers vêtues. D’autres espaces d’habitation sont pensés. Les tiny houses ont le vent en poupe. Dès lors, pourquoi ne pas se laisser tenter à se faire mettre en boîte ?
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